Après Le Petit chaperon rouge, Pinocchio, Je tremble ou Cercles/fictions, Joël Pommerat place sa nouvelle création au coeur d’un espace circulaire. Avec Ma chambre froide, il poursuit son analyse de notre monde contemporain, entre bienveillance et cruauté.
Ici pourtant, beaucoup d’humour et de sourires, car Estelle, personnage central, est une jeune femme simple, d’une candeur désarmante, exploitée sans vergogne par Blocq, patron grossier, cynique, brutal et détesté de tous. Mais jamais elle ne se plaint. Elle en est en effet certaine: seules les idées du patron sont mauvaises, et s’il pouvait voir en quoi il se trompe, il serait transformé...
Ainsi démarre une comédie ponctuée d’hommages discrets à Brecht et à Shakespeare. Nous entrons dans la vie quotidienne d’un magasin, avec ses coulisses mesquines et ses rivalités de travail. Estelle, qui sait toujours prendre «de la hauteur sur les choses», a parfois des réflexions qui sur le moment paraissent bizarres. Le genre de remarques qui auraient été vouées à l’oubli si un événement n’était venu tout faire basculer. Blocq, apprenant qu’il est atteint d’un mal qui le condamne à brève échéance, va proposer à ses employés un contrat. Il leur cède l’ensemble de ses entreprises à condition qu’ils inventent en échange une façon
de le sauver du néant pur et simple.
Et Estelle de saisir sa chance: avec ses collègues, elle s’engage par-devant notaire à écrire, répéter et monter un spectacle sur l’existence de Blocq, dans des délais qui permettront à celui-ci d’y assister et donc de comprendre ce qu’aura été sa vie, de ne pas la quitter sans s’être métamorphosé...
Dès lors, de surprises en rebondissements, Pommerat nous entraîne dans un véritable feuilleton, qui ne s’achèvera que par un coup de théâtre final.
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